Au préalable, Ch. Boisbouvier tient à rappeler la mémoire des deux journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon tués le 2 novembre 2013 près de Kidal (Mali). En dépit des efforts menés par l’avocate Marie Dosé les juges d’instruction Trévidic et Herbaut pour savoir par qui, on l’ignore encore.
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Nous sommes en train de vivre une deuxième vague de contestations populaires après celle de 2011.
Commencée en Algérie, on assiste à un étonnant processus de transition. Les mouvements de 2011 étaient devenus des mouvements violents dégénérant en guerres bien loin d’être terminées. La volonté des manifestants de ne pas tomber dans le piège de la militarisation est aujourd’hui nouvelle car la militarisation implique des ingérences extérieures qui rajoutent des complexités.
La nouvelle génération de manifestants mieux formée que ses aînées s’est développée avec un nouvel élément : « Al Djezira », véritable révolution dans une région où l’info était contrôlée. Les jeunes regardent les débats organisés par la chaîne, voient ce qui se passe en Occident, ont mûri et se disent qu’il n’y a pas de fatalité à subir des régimes autoritaires.
L’Algérie de 2011 était restée à l’écart de la vague de contestations douloureusement marquée qu’elle était par la décennie noire de la guerre civile. Le pouvoir cajolait par ailleurs les jeunes grâce à la rente pétrolière.
En Arabie Saoudite (AS) la contestation a commencé dans l’Est du pays. Le pouvoir y a distribué beaucoup d’argent et donné quelques maigres droits civiques à la population chiite pour appuyer une contre-révolution visant son pire ennemi : les Frères Musulmans.
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Exposé
Le Brexit aura lieu mais les négociations vont durer longtemps. Les élections à venir du 12 décembre ne sont qu’une péripétie d’une histoire au long cours. Voici bientôt quatre ans que par référendum les britanniques ont voté à 51,9 % pour la sortie de l’UE.
Overdose du mot « Brexit » : 4060 articles du « Monde » avec le mot Brexit. Exaspération des Britanniques avec trois élections législatives en 2015 (Cameron), en 2017 (May) et dans quelques jours en 2019 (Johnson).
Je retire trois leçons fondamentales de mon passage à Londres :
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Le populisme est-il contagieux ? Tout le monde en parle. C’est un mot-valise. Je vais me concentrer sur l’Europe. Qu’entend-on par « populisme » ? Immense production scientifique à ce sujet. Deux grandes interprétations :
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La question est importante. Toute réflexion sur les droits de l’homme est une invitation à la complexité Même si l’événement est déjà lointain, l’actualité le remet à l’ordre du jour. Son soixante-dixième anniversaire a été marqué par de nombreuses manifestations qui en montent l’actualité. Cette soirée est une invitation à se pencher non de manière très générale sur les droits de l’homme mais sur la construction d’un droit international des droits de l’homme dont la DUDH constitue le socle pour comprendre le mystère de son émergence et le succès de son développement, soit d’abord un état des lieux à dresser avant de s’interroger au-delà sur les questions, défis et enjeux aujourd’hui de ce droit des droits de l’homme.
I- L’état des lieux
La DUDH du 10 décembre 1948 est un texte mythique et sacré. Elle marque une rupture complète avec l’ordre westphalien dessiné deux siècles plus tôt par le traité de Westphalie qui mettait un terme aux guerres de religion ayant décimé l’Europe. Le traité dessine un ordre international – l’ordre westphalien – reposant sur la souveraineté des États – nations et l’égalité entre tous les États. Le droit international s’affirme alors comme un droit des États .
La DUDH ne sort pas du néant. La proclamation internationale des droits de l’homme est le fruit d’une longue maturation de la pensée politique. Au-delà des proclamations nationales des droits de l’homme parfois ancienne (en Angleterre , la charte de de 1215 ,la Pétition des droits de 1628.., aux Etats -Unis, la déclaration d’indépendance de 1776, en France, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789), les guerres entre les États conduisent à l’adoption des premiers instruments internationaux de protection des droits de l‘homme, d’abord pour assurer à l’issue de la guerre de Crimée et la bataille de Solférino la protection des « blessés » (convention de Genève de 1864 en réponse à l’appel d’Henri Dunant qui fonde alors la Croix rouge internationale ), puis des « travailleurs » dans le cadre de l’Organisation internationale du travail (OIT) créée après la première guerre sous l’égide de la Société des Nations et qui jouera un rôle fondamental dans leur protection et la promotion de leurs droits, ou encore des « réfugiés » par plusieurs conventions de l’entre-deux guerre.,etc.… Devant la montée des totalitarismes, du nazisme et des fascismes pendant l’entre deux guerres, puis le déchainement de la barbarie de la seconde guerre, la société internationale entend répondre par la création de l’Organisation des Nations unies ( charte de San Francisco en 1945) aux questions qu’Hannah Arendt posait dans Les origines du totalitarisme : comment penser l’impensable? Comment comprendre la terreur absolue et le mépris radical de la personne humaine ?
Le préambule de la charte des Nations unies rend compte de cette prise de conscience mondiale des liens entre la paix et le respect des droits de l’homme en ces termes « Nous peuples des Nations Unies » sommes « résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre […], à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petite[…] ». Il s’agit là d’ « un idéal commun » que la Commission des droits de l’homme créée en 1946 se voit chargée de préciser dans ce qui sera la DUDH. La rupture est majeure. Pour la première fois, l’homme est pris en compte par le droit international en tant que tel, et non plus au vu d’une qualité particulière (celle de blessé, de travailleur..) .Il devient sujet du droit international. Loin d’être une proclamation du seul monde occidental, la charte à des Nations Unies rassemble la signature de 50 États tandis que la Commission de droits d’homme qui élabore la DUDH en rassemble 48 sous la présidence d’Éléonore Roosevelt et la présence particulièrement active de la France mais aussi de la Chine et le Liban.
Cette dynamique n’est pas étrangère à l’action de grandes personnalités. A cet égard doit être cité le nom de René Cassin, mutilé de la guerre de 14 soucieux alors de créer un droit de la responsabilité pour réparer les préjudices causés par la guerre et Président de l’alliance israélite universelle. En 1940, il rejoint De Gaulle à Londres, puis, nommé à son issue vice-président du Conseil d’État, il joue un rôle décisif dans la rédaction de l’avant- projet de DUDH qui en constituera le socle puis de la convention européenne des DH . Il veut associer à la rédaction de la première l’opinion publique et la société civile par la création par les États aux cotés des autorités diplomatiques de comités locaux – comité qui est à l’origine en France de l’actuelle Commission nationale des droits de l’homme – CNCDH) à jugeant que « plus qu’aucun autre, c’est le soutien de l’opinion publique qui forme la clef de voute des droits de l’homme sur le plan international et national ». Bref, il veut profiter des esprits disposés à mettre fin à l’horreur des camps. Il va s’appuyer sur les dispositions existantes en faveur des DH dans les constitutions des États en y ajoutant des principes généraux touchant à ce qu’il nomme « l’unité du genre humain ».
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