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Posts tagged "democratie"

06/02/2023 – Avec Sylvain Cypel – … que disent ces élections de l’état de la société israélienne, de sa démocratie et de ses relations entre citoyens Israéliens et Palestiniens ?

Sylvain Cypel a étudié à l’Université Hébraïque de Jérusalem, sociologue, historien, journaliste, correspondant du journal Le Monde à New York de 2007 à 2013, auteur de « L’Etat d’Israël contre les Juifs » (La Découverte 2020), « Les emmurés : la société israélienne dans l’impasse » (La Découverte 2006).

La séquence ouverte en Israël avec l’arrivée au pouvoir de Nétanyahou balaie toute chance de rapprochement avec les palestiniens, qui était souhaité par le mouvement démocratique.

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07/11/2022 – Transformer l’économie avec ou sans nucléaire ? Sylvaine Dhion

S.Dhion est Ingénieure et a fait sa carrière dans l’énergie, le nucléaire et le solaire (CEA, Areva, IRSN), notamment à l’international. Elle a été cheffe du service ingénierie export à Framatome. Elle fait partie de l’équipe de Jean Marc Jancovici et nous présente le livre édité chez Odile Jacob « Climat, crises : le plan de transformation de l’économie française » (éd.O. Jacob) sous la direction de Jean Marc Jancovici. Elle fait partie des Shifteurs, thinktank de bénévoles préparant et promouvant la décarbonation de l’économie française.

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20/06/2022 – Travail et inégalités – Hervé Lanouzière

François Colly présente Hervé Lanouzière : il a été Inspecteur Général des Affaires Sociales à
la Direction Générale du Travail, chargé de la santé au travail et de la prévention des risques
psycho-sociaux. Il est actuellement Directeur de l’Institut National du Travail.
H. Lanouzière explique que l’INT est le lieu où sont formés tous les agents, les inspecteurs du
travail, les administrateurs, où s’élaborent la pensée et le transfert de compétences sur
l’évolution du travail, « l’algorythmisation » du travail qui va « plus vite que nous », et une
agence pour l’amélioration des conditions de travail. Lui-même a fait un pas de côté dans le
privé pour comprendre l’évolution des modes et des conditions de travail.
Il annonce 2 parties à son exposé,

  • La dérive du travail qui s’éloigne du salariat (ubérisation)
  • L’affaiblissement interne du salariat (télétravail, etc.).
    Il commence par quelques anecdotes exemplaires :
  • « Une grande banque française décide de tout digitaliser, passer au zéro papier. Un
    employé qui fait des simulations de prêts, doit ouvrir plein d’écrans et met 30 ‘ pour
    répondre à une question. Cela a été une catastrophe, avec des troubles psycho-
    sociaux pour les employés qui énervaient les clients furieux. La banque a investi des
    millions dans ce virage numérique et a été obligée de faire marche arrière en 2010.
    On considérait que la modernisation, le numérique, allait de soi !
  • Dans un groupe industriel de haute technologie, de pièces d’aéronautique, j’ai été
    appelé par la direction, l’usine-mère est bloquée à 40 % de sa productivité. Il y a un
    marché pour 5 ans, de nouvelles machines, les ingénieurs, mais les hommes ne sont
    ni motivés, ni engagés. Les managers vont près des salariés pour les regarder
    travailler. Mais ces derniers se sentent surveillés. Le dialogue social est très dégradé,
    il y a des lacunes de management. Quand on dit aux chefs d’équipe de ne pas être
    déconnectés, de répondre aux problèmes techniques, d’entendre les critiques des
    salariés qui ont des choses à dire, de passer du temps en soutien des ouvriers, ils
    répondent : « Moi je suis là pour faire des trains d’atterrissage, je ne suis pas là pour
    veiller au bien-être des salariés au travail. » Oui, mais ils ne font pas assez de trains
    d’atterrissage ! Le chef d’atelier doit entendre les critiques des salariés.
  • La Poste recrute des factrices et les forme dans le cadre de la parité
    hommes/femmes. Elles ont presque toutes démissionné, ou sont en congé maladie.
    Seraient-elles plus fragiles ? On observe que les conditions de travail ont été
    adaptées à un homme d’1m75, le vélo, la sacoche, les casiers sont faits pour l’homme
    moyen. Ça génère des maladies. Or, ce sont des femmes, souvent monoparents. On
    leur demande de venir à 6h du matin au centre de Paris pour que tout le monde ait
    son courrier à 9h. Or, on distribue moins de courrier. Pourquoi les faire venir si tôt ?
    Les organisations n’intègrent pas les nouveautés sociales.
  • Dans la logique d’égalité homme/femme, on recrute des tourneuses-fraiseuses. 6
    mois après, elles avaient toutes démissionné. On les faisait travailler en 3/8, ça n’a
    pas marché et on a été chercher des polonais travailleurs détachés.
  • En un an, les entreprises concurrencées par la vente sur internet ferment leurs
    entrepôts et licencient, ou mettent tout le monde en télétravail…
  • Du jour au lendemain, un concurrent de la vente par correspondance propose 8
    collections par an sur internet, on commande et c’est livré le lendemain !
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03/01/2022 – Le monde au XXIème Siècle ? Jean Marie Guéhenno.

Autour du dernier ouvrage publié par J. M. Guehenno, Le premier vingt et unième siècle (2021)

Dans ce premier vingt et unième siècle, on est passé de la globalisation à l’émiettement du monde. L’Europe a raté le virage de l’après-guerre froide. Elle n’a pas réalisé son projet.

  • Elle est aujourd’hui en retrait par rapport à la rivalité des Etats-Unis et de la Chine.
  • Elle a raté le train des données, même si elle n’a pas encore perdu la course de l’Intelligence Artificielle.

En 1989, on est au bout d’un cycle où l’on avait le sentiment que l’individu pouvait tout. La crise actuelle n’est pas seulement socio-économique. Quelle légitimité ont aujourd’hui les communautés politiques ? Les électeurs sont peu convaincus. Il y a une crise démocratique. « Pour que la démocratie soit possible, il faut une société »

Nous sommes dans l’âge des données, révolution comparable à celle de la diffusion de l’imprimerie. Cela bouleverse la légitimité des savoirs avec leur diffusion. L’âge des révolutions a été précédé par une longue crise des légitimités. Nous sommes dans une nouvelle ère de destruction créatrice.

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07/01/2019 – 70 ans de Droits de l’Homme – Catherine Teitgen Colly

Exposé

La question est importante. Toute réflexion sur les droits de l’homme  est une invitation à la complexité Même si l’événement est déjà lointain, l’actualité le remet à l’ordre du jour. Son soixante-dixième anniversaire a été marqué par de nombreuses manifestations qui en montent l’actualité. Cette soirée est une  invitation à se pencher non de manière très générale sur les droits de l’homme mais sur la construction d’un droit international des droits de l’homme dont la DUDH constitue le socle  pour comprendre le mystère de son émergence et  le succès  de son  développement, soit d’abord un état des lieux à dresser avant de s’interroger au-delà sur les  questions, défis et enjeux aujourd’hui de ce droit des droits de l’homme.

 

I-                   L’état des lieux

La DUDH du 10 décembre 1948 est un texte mythique et sacré. Elle marque une rupture complète avec l’ordre westphalien dessiné deux siècles plus tôt par le  traité de Westphalie qui mettait un terme aux guerres de religion ayant décimé  l’Europe. Le traité dessine un ordre international – l’ordre westphalien – reposant sur la souveraineté des États – nations et l’égalité entre tous les États. Le droit international s’affirme alors comme  un droit des États .

La DUDH ne sort pas du néant. La proclamation internationale  des  droits de l’homme  est le fruit  d’une  longue maturation de la pensée politique. Au-delà des   proclamations nationales des  droits de l’homme  parfois ancienne  (en Angleterre , la charte de de 1215 ,la   Pétition des droits de 1628.., aux Etats -Unis, la déclaration d’indépendance de 1776, en France, la Déclaration des  droits de l’homme et du citoyen de 1789), les guerres entre les États  conduisent  à l’adoption des premiers instruments internationaux  de protection des droits de l‘homme, d’abord pour assurer à l’issue de la guerre de Crimée et la  bataille de Solférino la protection des « blessés » (convention de Genève de 1864  en réponse à l’appel d’Henri Dunant qui fonde alors la Croix rouge internationale ), puis des « travailleurs » dans le cadre de l’Organisation  internationale du travail  (OIT) créée après la première guerre  sous l’égide de la Société des Nations et qui  jouera un rôle fondamental dans leur protection et la promotion de leurs droits,  ou encore des « réfugiés » par plusieurs  conventions de l’entre-deux guerre.,etc.… Devant la montée des totalitarismes, du nazisme et des fascismes  pendant l’entre deux guerres, puis le déchainement de la  barbarie de la seconde  guerre, la société  internationale  entend  répondre par la création de l’Organisation des Nations unies ( charte de San Francisco en 1945)  aux questions  qu’Hannah Arendt posait dans Les origines du totalitarisme :  comment penser l’impensable? Comment comprendre  la terreur absolue et le mépris radical de la personne humaine ?

Le préambule de la charte  des Nations unies   rend compte de cette prise de conscience mondiale des liens entre la paix et le respect des droits de l’homme en ces termes « Nous peuples des Nations Unies » sommes « résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre […],  à  proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petite[…] ». Il s’agit là d’ « un idéal commun » que la Commission des droits de l’homme créée en 1946 se voit chargée  de  préciser  dans ce qui sera la DUDH. La rupture est majeure. Pour la première fois, l’homme   est pris en compte par le droit international en tant que tel, et non plus au vu d’une qualité particulière (celle de blessé, de travailleur..) .Il devient sujet du  droit international. Loin d’être  une proclamation du seul monde occidental,  la charte à des Nations Unies rassemble la signature de 50 États tandis que  la Commission de droits d’homme qui élabore la DUDH  en rassemble 48 sous la présidence d’Éléonore Roosevelt  et  la présence  particulièrement active de la France  mais aussi de la Chine et le Liban.

Cette dynamique n’est pas étrangère  à l’action de grandes personnalités. A cet égard doit être cité le nom de René Cassin, mutilé de la guerre de 14 soucieux alors de  créer un droit de la responsabilité pour réparer les préjudices causés par la guerre et Président de l’alliance israélite universelle. En 1940, il rejoint De Gaulle à Londres, puis, nommé  à son issue vice-président du Conseil d’État, il  joue un rôle  décisif dans  la rédaction de l’avant- projet de DUDH qui en constituera le socle puis de la convention européenne des DH . Il veut associer à la rédaction de la première  l’opinion publique et la société civile par la création par les États aux  cotés des autorités diplomatiques de comités locaux – comité qui est  à l’origine  en France de l’actuelle  Commission nationale des droits de l’homme – CNCDH)  à jugeant que « plus qu’aucun autre, c’est le soutien de l’opinion publique  qui forme la clef de voute des  droits de l’homme sur le plan international et national ». Bref,  il veut profiter des esprits disposés à mettre fin à l’horreur des camps. Il va s’appuyer sur les dispositions existantes en faveur des DH dans les constitutions des États en y ajoutant des principes généraux touchant à  ce qu’il nomme «  l’unité du genre humain ».

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