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Posts tagged "religions"

05/12/2022 – Église / Vers l’implosion ? Danièle Hervieu-Léger

Christophe Deltombe présente Danièle Hervieu-Léger : sociologue des religions, directrice d’études à l’EHESS, elle est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’Eglise catholique qui a constitué le terrain empirique de ses recherches.  Elle analyse la crise qui l’affecte, avec l’érosion considérable du nombre de pratiquants (2% des français) et de prêtres (14000 prêtres dont 1/3 de plus de 65 ans), mais aussi par la révélation du nombre considérable d’abus sexuels commis par des prêtres ou religieux et couverts par le silence coupable d’autres (330000 abus sur 70 ans).

C. Deltombe pose 3 questions : En quoi est-ce une crise systémique ? Pourquoi l’Eglise est-elle incapable de s’adapter ? L’Eglise est-elle condamnée à se recroqueviller ?

D. Hervieu-Léger : L’Eglise a traversé déjà des crises : les guerres de religion, la réforme protestante, la Révolution, les Lois de Séparation de l’Eglise et de l’Etat, elle a une capacité de mobilisation (la Manif pour tous), elle prétend intervenir dans le débat public… Si elle disparaissait, ce serait une vraie question pour une société modelée par elle : nos institutions se sont construites en miroir avec l’institution romaine (on invoquait l’Etat moral et enseignant, représentation très française). F. Dubet a bien montré le déclin des institutions, indexées sur la matrice catholique.

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03/12/2018 – Henry Laurens – Moyen Orient : passé, présent, futur

EXPOSE..

L’essence du travail de l’historien est la prédiction du passé !! Dans l’empire ottoman au XVIIIème siècle au moment où la flotte russe arrive à pénétrer en mer Égée et à défaire la flotte ottomane à la bataille de Tchesmé débute la « question d’Orient ». De 1770 à 1802 l’espace politique européen se développe jusqu’à la frontière de l’Inde. Sur fond d’ingérences et d’implications, les conflits locaux prennent une dimension internationale et vice et versa, gérés par le « concert européen » au XIXème siècle (congrès de Paris et de Berlin).

Un calme relatif s’établit entre 1920 et 1940. Les difficultés reprennent avec la guerre froide.
Pourquoi des guerres dans la région ?

–          Charnière géopolitique à la frontière de trois mondes. Route des Indes gardée jalousement par l’Angleterre. Guerre de Crimée en 1854. Puis route du pétrole et tentative des russes de descendre vers le Sud

–          Naissance de l’État moderne au XXème siècle. Les chefs d’État ottomans prennent conscience de la nécessité d’un rattrapage grâce à un autoritarisme modernisateur (Kémalisme, Baasisme …) provoquant l’émergence d’une opposition à partir de la religion.

Le MO de 1880 est divisé entre monde civilisé et monde non civilisé. Il va être intégré au monde occidental.

Du coup, par un choc narcissique, la religion devient l’instrument du rattrapage et non une valeur en soi. L’Islam est présenté comme le meilleur moyen de rattraper l’Europe (Hassan El Banna crée Les frères musulmans). Adossé sur son universalité, il se couple avec un anti-impérialisme.

–          Les structures de la société traditionnelle explosent : l’homo hiérarchicus fait place à l’homo aequalis (émancipation des juifs en 1850).

–          L’explosion démographique d’une région initialement sous peuplée (l’Égypte passe de 5 Mh sous Napoléon à 100 aujourd’hui, la Palestine de 0,35 en 1850 à 9-10 Mh aujourd’hui).

–          Des migrations venues de l’Est (« Ma Sri-Lankaise est vietnamienne » !), de la corne de l’Afrique ou du Maghreb ave une succession de modèles économiques : le modèle colonial (matières premières et raisins secs contre objets manufacturés) supplanté par une industrialisation par substitution aux importations d’un secteur privé puis public (qui n’a jamais été un succès) jusqu’à l’arrivée destructrice de la rente pétrolière.

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04/01/2016 – La famille enjeu d’avenir pour l’Église – Danièle Hervieu-Léger

Exposé
Nous sommes face à un éclatement probable du « système » catholique en général. Il est difficile de penser la diversité catholique mais cette fragmentation menace la survie de l’institution, menace forgée par sa résistance à la modernité démocratique, aux droits de l’homme etc…
Le modèle de l’intransigeantisme catholique s’est bâti dans la foulée de la révolution française en réduisant les courants libéraux. Ses deux manifestations emblématiques sont le Syllabus en 1864 qui dénonce les errements du monde moderne et le dogme de l’infaillibilité pontificale de 1870.
Il se fissure très vite par les succès de la science moderne et la mise en place de l’école démocratique qui élève le niveau d’instruction générale du peuple, non sans provoquer en réaction le raidissement du modèle, avec Pie XII notamment.
L’effondrement s’accélère sous la pression des revendications d’autonomie. Vatican II (1962) est le résultat d’un effort pour y répondre en desserrant le carcan théologico-politique de l’intransigeantisme (déclaration sur les libertés religieuses). Il représente une ouverture mesurée à l’autonomisme. Il ne prétend plus à la régie du monde. Le mythe de la chrétienté s’effondre mais il prétend encore à exercer un magistère éthique.
Ce déplacement ne sauve en rien la situation. La dissidence lefebvriste est un fait majeur. Le concile n’a pas enrayé le hiatus entre vie civile et l’église (cf. Humanae vitae de 1968). Cette distance culturelle atteint directement la matrice civilisationnelle (sic !) bâtie pendant des siècles de « l’État moral et enseignant » par lequel l’Église continuait à s’adresser à tous.
Au delà d’un petit noyau de fidèles, les autres ne savent même plus ce dont elle parle. François Dubey va jusqu’à faire un parallèle entre la décomposition scolaire et celle de l’institution. Plaider que les « forces vives » sont ailleurs est une fiction : la vague évangélique minorise l’église catholique. Le « système catholique » est fragilisé par le catholicisme occidental.
Cette fragmentation (cf Lefebvre) est l’obsession des derniers pontificats : avec Jean Paul II – pontificat de l’escamotage charismatique de la question par l’incarnation de l’unité sur sa personne charismatique – on assiste à un émiettement de la collégialité. Benoît XVI – l’histoire lui rendra justice – engage la réforme de la Curie et cherche à retrouver l’unité avec les lefebvristes grâce à une production intellectuelle de haut niveau mais déconnectée de la réalité.
Une lourde charge d’attente pèse donc sur François qui a pour lui d’être un pape « venu d’ailleurs » mais jusqu’à un certain point car l’Argentine est venue d’Europe et plutôt que d’un monde « de l’ailleurs », il s’agit d’un monde écartelé.

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04/05/2015 – L’Iran aujourd’hui – Farad Khosrokavar

Exposé

La dimension géopolitique de la région, bien établie de puis longtemps, s’est transformée fondamentalement depuis 2 ans du fait :
1. des répercussions de la guerre civile en Syrie.
DAECH s’est constitué sur les ruines de l’armée irakienne ainsi que sur la fragmentation politique en Syrie et en Irak. En Syrie, l’islamisme radical fait de DAECH et du front Al Nosra a bouleversé beaucoup de choses.
Près de 4000 européens se sont enrôlés dans leurs rangs. DAECH aligne 30000 combattants dont 1/3 d’origine étrangère, venus de partout sauf d’Amériques latine.
Du coup en Europe, Bachar el Assad est perçu comme un moindre mal. La lutte contre DAECH est jugée plus importante. L’Iran est en première ligne à ses côtés.
2. De la signature probable du traité « nucléaire » avec l’Iran où le Guide suprême est en mauvaise santé et pense qu’il faut l’accepter pour ne pas risquer de mettre en cause le régime.. Cette signature entraînera de facto une convergence irano-américaine mal acceptée par l’Arabie saoudite et Israël mais qui ne pèseront pas face à la real politik des USA et de l’EU.
Pour consolider sa position et faire taire les opposants, le Guide s’est engagé dans une politique de domination du MO. L’Occident lui a déjà supprimé ses deux ennemis irakiens et afghans (talibans). L’Arabie saoudite n’a pas d’armée réelle. L’Égypte a trop de problèmes intérieurs à régler.
Reste la question de la survie du régime après sa mort. Beaucoup de prétendants à l’intérieur voient d’un mauvais œil l’hégémonie des chiites :
• Les Pasdaran qui forme une mafia économico-militaire tentée de prendre le pouvoir
• Un noyau dur d’une société civile bien éduquée avec 4 millions d’étudiants dont beaucoup de haut niveau étudient aux USA, en France à l’X, , un cinéma qui produit de bons films, un énorme marché littéraire dominé par des femmes pas très âgées et qui n’a rien d’islamique.
La Culture se démarque ainsi de la théocratie chiite (équivalent français de l’opposition Droite-Gauche). Les plus grands théologiens la dénoncent et critiquent aussi son maintien au pouvoir. Beaucoup de penseurs occidentaux sont traduits en iranien. Seulement 10 à 15% de la population serait traditionnaliste au sens religieux du terme.

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06/11/2006 – Jusqu’où le droit à la provocation ? – Les membres du club entre eux

COMPTE RENDU DU DEBAT INTERNE AU CLUB.

Attentat lors de la projection du film de Scorcese « La dernière tentation du Christ » ; émeutes musulmanes après la publications des caricatures du prophète ou après une citation de Benoît XVI sur l’apport de l’Islam dans une conférence donnée à Ratisbonne sur le thème « Foi et raison » ; menaces de mort islamistes contre le philosophe Redeker après un article sur l’Islam ; menaces de destruction de fresques du XVème siècle à Bologne où Mahomet figure en enfer etc… Face à cela, nous tendons en première réaction soit à en rajouter, soit à s’autocensurer (annulation de représentations d’Idoménée de Mozart à Berlin…) Lire le compte rendu →