Notes prises par Paul Philippe CORD
1. Introduction Guillaume Duval est en empathie avec l’Allemagne par sa culture et les nombreux séjours dans ce pays. Il s’attache à montrer que les réformes libérales de la période Schröder ont entamé les fondamentaux Allemands, heureusement, sans les détruire. Nous avons donc plus à considérer ces fondamentaux que le modèle Schröder. La France ignore en général ce qu’est le « made in Germany » . L’Allemagne est encensée pour son modèle et ses performances industrielles et honnie pour son « égoïsme ». La France aime parler des autres pays en « Modèles ». Le Japon dans les années 70-80 pour son insolente réussite industrielle, la Suède pour sa réussite sociétale, le Danemark pour sa gestion de l’emploi et maintenant l’Allemagne pour la qualité de ses industries.
2. Période Schröder L’Allemagne a su résister aux sirènes des privatisations débridées et de la financiarisation à outrance du modèle anglo-saxon de Nixon-Thatcher sauf pendant la période 1998-2005 où Gerhard Schröder a tenté de mettre en œuvre ce modèle. Désinvestissement public, pas de crèches par exemple, pas d’entretien des installations publiques (routes…). Réduction des impôts des riches et des entreprises. Réduction des coûts salariaux avec le développement d’emplois précaires peu rémunérés (5 millions de personnes gagnent moins de 445 €). Accroissement des inégalités. Forte réductions des retraites à venir (un revenu de 2 500€ aujourd’hui donnera une retraite de 688€ en 2030) La dette a explosée à 390 millions d’€. Contrairement à l’opinion répandue en particulier en France, la méthode Schröder n’est donc pas à transposer pour redresser une économie.
3. Le modèle Allemand : Qu’est ce donc que ce modèle Allemand qui est à considérer ? Selon Guillaume Duval, les vraies raisons de la réussite de l’Allemagne sont: Déclin démographique : Peu d’enfants et pas encore trop de retraités. Prix de l’immobilier stable car la pression sur la demande est faible compte tenu de la démographie. Produits en cohérence avec les besoins des pays émergents : Machines outils et grosses voitures. Les entreprises de taille intermédiaires sont d’abord des entreprises très spécialisées dans des « niches » à haute valeur ajoutée du type machine outil. Pour le marché automobile, l’Allemagne a cherché à flatter l’ego des riches (et pas seulement des nouveaux) avec de grosses cylindrées. Développement vers l’est grâce à la réunification et le développement de la coopération avec les ex pays communistes. La gouvernance : Les rapports sociaux en Allemagne sont régulés, les entreprises n’appartiennent pas au seul capital et les salariés sont impliqués dans les décisions. La réunification a bénéficié à terme à l’Allemagne d’une part, par la création d’un nouveau marché intérieur et d’autre part, par la création d’un tissu industriel neuf dans l’ex Allemagne de l’Est (avec une contribution de l’Europe). Et plus récemment, Pendant la crise le recours au chômage partiel a évité de licencier, et permis de repartir à pleine capacité avec le développement des marchés. Les taux d’intérêt faibles favorisent les investissements. La baisse de l’Euro dope l’exportation hors zone €.
4. En conclusion, Guillaume Duval nous dit : Les avantages de l’Allemagne ne sont pas automatiquement pérennes : L’absence de « jeunes » et l’augmentation du nombre des retraités va obliger l’Allemagne à faire un appel massif à l’immigration. Les machines outils et les grosses voitures seront progressivement concurrencées dans les pays émergents, Les coûts de la main d’œuvre des ex pays de l’est vont augmenter. L’Euro fort est un handicap. Aussi dit il, il faut réagir : Laisser le chômage se développer fera le lit de l’extrême droite. La solution à la crise est Européenne. Il faut investir dans la transition énergétique et les programmes écologiques associés. 5. Les questions Elles ont permis d’approfondir certain points : A la différence de la France : Les entreprises sont gérées par des Conseils de surveillances et des Directoires plutôt que par des PDG ayant tous les pouvoirs. La cogestion dans les entreprises valorise tous les acteurs, en particulier les emplois manuels sont socialement valorisés. Les entreprises (en particulier de taille dite intermédiaires), ont des stratégies d’approfondissement technique plutôt que des diversifications sans synergies techniques ou des opérations spéculatives). Système éducatif sans « grandes écoles » mais faisant appel à l’apprentissage (45% de la formation). De nombreux instituts (Fraunhofer) assurent l’interface recherche/industrie. La France gagnerait donc à s’inspirer de ce que l’Allemagne fait de bien, « le savoir produire ». La France à d’autres atouts, ce sera pour une autre conférence. Angela Merkel après l’épisode Schröder est revenue sur les fondamentaux.
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