Ce thème des organismes génétiquement modifiés (O.G.M) n’a été examiné que sou l’angle des plantes. D est prévu que d’ici à 2050, la population mondiale devrait doubler pour atteindre Il milliards d’habitants. Comment faire face aux besoins alimentaires d’une telle population, alors que les réserves en céréales ne cessent de baisser ? Comment produire plus de produits agricoles sur pratiquement la même surface de terre ?
C’est là que doivent intervenir les biotechnologies végétales qui devraient permettre un accroissement de la production, c’est-à-dire produire plus et mieux.
Qu’est-ce qu’un O.G.M ? C’est une plante dans laquelle on a introduit un fragment d’ADN, sous forme de plasmede, qui contient le gène d’intérêt ; c’est grâce à une bactérie Agrobactérium qui sert de véhicule, qu’on intègre ce fragment D,ADN dans le noyau des cellules végétales que l’on veut transformer et qu’on va l’insérer au génome de la plante. Ce n’est donc pas par un croisement classique. Cela se pratique sur des cellules capables de régénérer une plante entière. On insère un gêne à des cellules qui en contiennent entre 30.000 et 100.000.
Le taux de réussite est assez faible, d’où la nécessité de sélectionner les plantes, après la manipulation et c’est là qu’intervient le gêne de résistance à un antibiotique ; ce gêne de résistance a été transféré en même temps que le gêne d’intérêt et permet de repérer les cellules végétales intéressantes. Au contact de l’antibiotique, seules les cellules contenant le gêne de résistance à l’antibiotique et le gêne d’intérêt survivent. Malgré le taux de réussite assez faible, la technique marche bien.
Le code génétique étant universel, la barrière des espèces est totalement dépassée : on peut ainsi insérer dans le génome de la plante que l’on veut transformer, tout gêne naturel provenant d’organismes divers ou artificiels. On peut conférer à ces plantes une résistance à l’herbicide, une résistance aux insectes (cas du mais transgénique qui produit lui-même la toxine détruisant l’insecte qui le ravage) … on peut aussi obtenir la production de substances nouvelles par les plantes (hémoglobine humaine par le tabac).
Trois grandes espèces sont particulièrement concernées : le maïs, le colza et le soja. Mais beaucoup d’autres plantes transgéniques attendent le feu vert. Toutes ces plantes sont expertisées au cas par cas, en fonction de l’espèce cultivée et de la construction transgénique introduite dans la plante.
les manipulations génétiques ne sont pas nouvelles. Cest en 1983 qu’apparaît le premier tabac transgénique. Depuis, la recherche et la technologie ont progressé de façon continue. C’est en 1996 que l’opinion publique s’est réveillée. Le contexte crée par l’affaire de la « vache folle » a suscité une méfiance compréhensible envers les innovations dans le domaine agro-alimentaire. De nombreuses commissions et des comités d’experts, s’étaient réunis entre temps. U existait déjà de très nombreux règlements et commissions de contrôle tant au niveau de l’Europe que de la France et pas uniquement pour les grands groupes. En 1990, des directives sont prises contre la dissémination des O.G.M dans la nature, et cela fera l’objet d’une transcription en droit français en 1992. En février 1996, la tomate « long life » provoque des émotions dans l’opinion. En décembre 1996, la Société NOVARTIS est autorisée à cultiver le mais transgénique fabriqué par elle. En 1997, le gouvernement JUPPE refuse l’autorisation de cultiver le mais transgénique en France, tout en autorisant son importation. les agriculteurs français devenaient dès lors impuissants face à la concurrence américaine. En novembre 1997, le gouvernement JOSPIN autorisait la culture du maïs mais avec une obligation d’étiquetage. Fin juin 1998, est mise en place une conférence citoyens : il s’agissait d’un panel de 14 citoyens sélectionnés par l’IFOP, qui se sont réunis pendant trois week-end en présence d’experts pour débattre du sujet et essayer d’apporter un éclairage différent.
Les conclusions ont été nuancées. Dans son rapport, Jean Yves LE DEAUT propose de réformer la procédure d’expertise. On observe que si le mais semble ne pas pouvoir se croiser avec d’autres plantes en Europe, tel n’est pas le cas pour le soja et le colza. Une commission de vigilance est créée. On constate que le repérage des O.G.M est difficile et qu’il faudrait une banque internationale de tous les gênes manipulés.
Le 25 septembre 1998, le Conseil d’Etat, sur une requête de Green peace et de l’Association Ecoropa, suspend au nom du « principe de précaution », la culture du maïs transgénique. 0,5% de la surface cultivée en France correspondant à 1.500 ha était ensemencée en mais transgénique. Ce maïs récolté se trouve pour l’instant bloqué sous haute surveillance. L’incertitude est totale quant à ce qui se passera au printemps prochain.
De nombreuses questions se posent :
1- Du point de vue éthique
Avec la possibilité de franchir la barrière des espèces, ne risque t-on pas de modifier de façon radicale le patrimoine génétique de certaines variétés, au point d’en perdre certaines définitivement et d’appauvrir les espèces ? Doit-on aborder ces problèmes uniquement du point de vue des besoins des hommes ? Est-ce vraiment utile de faire appel à ces technologies ? Ne peut-on pas faire autrement ? Mais déjà tout est marqué par l’action de l’homme, avant même d’avoir fait intervenir les O.G.M. Sur les problèmes humains, on invoque la notion de dignité humaine, mais ne pourrait-on pas élaborer une sorte de statut de la nature ? En France on se pose ce genre de question, tandis que les pays anglosaxons, plus pragmatiques, avancent avec mains de retenue. On pourrait aussi s’interroger sur la façon dont on conçoit les progrès de la science.
2- Du point de vue des enjeux économiques
l,e premier enjeu, c’est de nourrir l’humanité. Pour cela il faudrait augmenter la production agricole de 70 %. E y a là une priorité. Cette nouvelle technologique est tout à fait séduisante et c’est le discours des grandes firmes internationales. Non seulement, cette technologie nouvelle permettrait une production plus importante et plus propre, mais elle permettrait la création de plantes moins exigeantes en eau, moins sensibles à la salinité, moins exigeantes en engrais. Mais l’agriculteur risque fort de se trouver pieds et poings liés, complètement dépendant des importantes sociétés multinationales telles que NOVARTIS, MONSAUTO etc… 12agrieulteur risque alors de devoir acheter au prix fort les semences transformées et les produits phytosanitaires associés. Pour les pays en voie de développement, leur capacité financière insuffisante limitera l’usage de ces semences trop onéreuses. Pourront-ils alors profiter des nouvelles technologies ?
3- Du point de vue des risques pour l’homme
Y a t-il des risques pour l’homme à utiliser les plantes transgéniques ? En fait, il n’existe pas de réponse qui s’applique à l’ensemble des espèces manipulées. Ce n’est pas la technique elle-même qui donne le risque ; il faut traiter au cas par cas. les diverses commissions d’experts mises en place en France doivent permettre d’éviter l’introduction de variétés susceptibles de présenter des risques importants, mais il est vrai que le risque zéro n’existe pas. On connaît par ailleurs environ 300 protéines naturelles énergisantes, ce qui montre que la nature elle-même n’est pas toujours douce pour l’homme. Quant au problème du gêne marqueur (servant à la sélection des plantes) qui pourrait rejoindre les bactéries de la flore intestinale et créer des résistances aux antibiotiques, le risque est extrêmement faible. Déjà la moitié des bactéries sont résistantes du fait de la surconsommation des antibiotiques dans les élevages et en médecine moderne. C’est cependant cet argument du gêne marqueur qui a amené le Conseil d’état à suspendre la culture du maïs transgénique au nom du « principe de précaution ».
4- Du point de vue des risques pour l’environnement
A la question du risque de transfert de gênes sur les plantes voisines, la réponse est, là aussi, différente selon les cas. Ainsi il n’y a pas de risque de transfert par le pollen du maïs, car le maïs acclimaté à l’Europe ne se croise pas avec les plantes de la flore européenne. Il n’en est pas de même avec le colza qui, lui, peut se croiser avec des plantes apparentées de nos régions. D peut s’hybrider avec une espèce de mauvaise herbe de la même famille. Elle deviendrait alors résistante à l’herbicide. La mise en culture de ce colza n’est d’ailleurs pas autorisée. L’utilisation des O.G.M serait pour l’environnement une solution plus écologique, par la diminution des besoins en pesticides, herbicides, voire dans l’avenir en engrais, que la culture classique telle qu’elle est pratiquée de nos jours.
Il existe des risques à faire des choses, il en existe aussi à ne rien faire.
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