Quelles perspectives s’ouvrent à la Nouvelle Calédonie et à d’autres territoires, avec la notion d’Ensemble National à l’intérieur de la République Française, apportée par le Compromis de Bougival prochainement constitutionnalisé ?
C’est la question posée à Frédéric Bouteille, Directeur adjoint du Cabinet de la Présidente de l’Assemblée Nationale, Conseiller chargé des collectivités territoriales et des Outre-mer, ancien sous-préfet en Nouvelle Calédonie.
François Colly présente la soirée en expliquant que François Héran, qui devait intervenir a été empêché. Christophe Deltombe, en sa qualité d’ancien président de la Cimade, a accepté de le remplacer. Christophe Deltombe propose de présenter d’abord quelques grands traits des migrations internationales, en Europe et en France, pour ensuite tenter de réponse à 3 questions : la France est-elle attractive ? La France est-elle généreuse ? La France a-t-elle besoin des migrants ? Et enfin il abordera quelques aspects de la loi qui vient d’être votée par le Parlement et est soumise en ce moment à l’examen du Conseil Constitutionnel.
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EXPOSE
C’est très courageux de poser cette question ; L’histoire française a toujours balancé entre hostilité et hospitalité envers les migrants, qu’il s’agisse des Polonais des Italiens, des algériens …Il n’y a pas de tradition permanente d’hospitalité.
À partir des années 80s de nouvelles interrogations se font jour à propos de la crise migratoire.
D’où 2 millions d’arrivées entre 2014 et 2016. Du jamais vu ! Aucune anticipation de personne, ONG compris. On est retombé à 100 000/an actuellement.
Pourquoi cette réaction des pays du Nord ?
L’échiquier politique a éclaté à gauche mais aussi à droite où sous le feu de l’extrême droite la droite républicaine cède du terrain.
La gauche est divisée entre ceux pour qui il faut d’abord régler la question sociale et économique en étant d’abord fidèles à la lutte des classes, et ceux qui sont plus sensibles aux droits de l’homme, aux luttes des femmes, à l’écologie, qui réagissent par excès.
Sans pôle politique fort, la digue se fend et on n’y peut rien. LRM est encore très fragile et pourrait encore éclater.
Si ces deux raisons en arrivent à se conjuguer, le risque de déflagration devient important et on cherchera un bouc émissaire.
Conclusion : D’abord admettre le diagnostic pour fonder une stratégie.
Exposé
Disons d’abord que je ne suis qu’un simple journaliste et non un spécialiste. Il peut donc y avoir une part de subjectivité dans mon propos. Il faut revenir sur la période historique où la France a été « assimilationniste » (1900 – 1969) avec mise en place d’un système intégré cohérent, la création d’une Communauté… illusoire. On se disait « L’Afrique va être notre Ruhr, notre accès aux matières premières stratégiques » pour justifier que l’on y protège notre pouvoir.
J’ai connu Abidjan en 1980 avec 50000 français ? le ministère du Plan était le ministère du Blanc !
Grâce à cela, la France a toujours disposé d’un bloc de 14 voix au conseil de sécurité de l’ONU.
Au plan économique, c’était un espace super protégé. La zone CFA permettait de transférer les bénéfices sans problème. Un certain nombre d’hommes d’affaires français s’y estimaient chez eux à ce point que les milieux patronaux français n’ont pas vu venir les émergents. Maintenant l’Allemagne y a doublé la France comme exportateur.
Alors que la mondialisation progressait, la France s’y est bunkerisée. L’armée française lui sert de cache-misère. Elle n’a toujours pas atterri dans l’Afrique mondialisée
Malgré cela, tout ce qui vient de Paris est sur interprété. Les rapports restent trop passionnels.
Pour en sortir, il faut inverser le logiciel de la guerre froide et en venir à « Tout ce qui est bon pour l’afrique est bon pour la France ». La phobie du migrant a éclipsé le potentiel de la diaspora africaine ?
Dans son discours de Ouagadougou (« Il n’y a plus de politique africaine de la France. Vous c’est vous ; Nous c’est nous ») Emanuel Macron est dans le real politik. Il n’a plus que 25000 français au Sénégal mais 500000 Maliens en France. Il a saisi l’importance de la diaspora dans les élections.
Cela fait plus de 20 ans que les politiques migratoires s’exportent hors des frontières de l’Union Européenne. 2015 fut une année charnière par le nombre important de migrants et les pays européens se sont sentis dépassés. De là date une véritable crise de l’accueil. Les pays européens de l’Est ont fermé leurs frontières et l’UE a mis en place des Hot Spot en Italie et en Grèce afin de faire le tri entre les réfugiés et les autres et a adopté une politique de relocalisation, c’est-à-dire une répartition équitable des réfugiés entre les pays européens. Mais cette politique a échoué du fait du refus de la plupart des pays membres de l’UE, mis à part l’Allemagne.
C’est dans cette logique que la politique d’externalisation s’est développée laquelle consiste à déléguer la responsabilité de la gestion des questions migratoires (accueil, asile, contrôle aux frontières extérieures de l’UE) à des pays tiers. Les objectifs sont de réduire en amont la mobilité des migrants vers l’UE et augmenter le retour des migrants refusés par l’UE.
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