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01/10/2007 - Politiques de l'eau - Yann Wehrling

Exposé

Les problèmes posés par le pétrole requièrent toute l’attention aujourd’hui. Demain ce sera ceux posés par l’eau. Le problème est lié à notre consommation excessive (20% domestique, 60% pour l’agriculture). L’irrigation à partir des nappes aquifères est devenue trop forte, a fortiori après cinq années de relative sécheresse ne permettant pas la recharge normale des nappes. Compte tenu du décalage de plusieurs années nécessaire à son impact sur le pompage dans les nappes, le problème se fera d’autant plus nettement sentir à moyen terme que nombre d’agriculteurs continuent à irriguer (mal) à l’extrême limite des autorisations.

Néanmoins le problème majeur aujourd’hui tient à la qualité de l’eau.

Plusieurs types de pollution peuvent affecter la qualité de l’eau :

• La pollution thermique (rivières, étang de Berre) liée aux condenseurs des chaudières thermiques ou nucléaires des centrales électriques ;

• La pollution par la surabondance de matières organiques (lisiers, papeteries, abattoirs…) se retrouvant dans l’eau ;

• Les pesticides, insecticides, fongicides constituent la pollution la plus grave. Le DDT (organo-chloré) n’est plus utilisé mais il est très toxique et ne s’élimine pas naturellement.

• Les phyto-sanitaires représentent 50% du tonnage total et on en connaît mal l’impact (augmentation des cancers de la prostate chez les viticulteurs ?)

• La pollution par les nitrates, les phosphates pour lesquels les substituts semblent poser des problèmes ;

• Les pollutions par les métaux, Cadmium, plomb, mercure…

• Les pollutions radioactives assez minimes en France où l’on a néanmoins perçu l’impact de Tchernobyl ;

• Les pollutions acides (émissions de SO2 liées à la combustion de combustibles soufrés) causant les pluies acides.

Grâce largement à l’Europe, les causes de ces pollutions commencent à se réduire surtout dans l’industrie, mais reste la partie agricole couverte par une PAC qui reste fondée sur la productivité maximum quels qu’en soient les moyens. Le Grenelle de l’Environnement pointe du doigt la FNSEA, les semenciers et la Chimie avec pour enjeu une réduction des pesticides, des engrais et de l’irrigation. Mais on est dans une guerre idéologique où chacun soutient qu’on peut ou ne peut pas nourrir tout le monde en réduisant de 50% l’usage de l’eau et des pesticides. Au niveau mondial, le débat est biaisé par les subventions des pays riches à leur agriculture. La FAO plaide pour le développement d’une agriculture biologique dans les PVD, capable selon elle de nourrir leur population car les rendements pourraient y être plus forts que dans les pays industrialisés. On mesure mal l’effet sur la qualité de l’eau du niveau élevé des « intrants » dans les nappes. Des professionnels de la FNSEA pensent qu’on est déjà allé trop loin. Les verts sont pour une taxe de 50% sur les pesticides qui ne supportent que 5 ?5% de TVA en métropole et 0 dans les DOM.

 

Débat

 

Q1. Croyez-vous au Grenelle de l’Environnement ?

 

R. J’essaie d’avoir une position constructive dans un jeu entre honnêteté et malhonnêteté. Je ne m’engage sur rien avec N.Hulot. Le programme du Président Sarkozy est peu compatible avec l’écologie. Quant à la sincérité de Borloo, disons que la prise de conscience est déjà là (en particulier sur le changement climatique) et que c’est beaucoup.

 

Q2.

 

– Vous n’avez pas abordé la question du coût de l’eau. Dans le logement social l’augmentation peut atteindre 140% (NDLR : Par rapport à quoi ?) ? – La réforme de la PAC ne pousse-t-elle pas vers le qualitatif ? – Le coût de l’eau est naturellement variable géographiquement, n’est-ce pas une erreur que de la gommer en poussant quelque peu démagogiquement à une péréquation des prix de l’eau ? – La pondération des usages (20-60-20) se retrouve-t-elle partout en Europe ?

 

R.

 

– Cette pondération se retrouve peu ou prou partout en Europe mais il faut raisonner « Monde » (NDLR : guère évident. L’appréciation doit se faire au niveau de chaque bassin hydrologique)

– Sur les coûts, l’agriculteur paie très peu son eau par rapport aux autres usagers. (Oui, ainsi en va-t-il de façon générale pour de nombreuses catégories de la population sur quantité de sujets où à force de faire des prix différents suivants les catégories d’usagers, plus personne n’est à même d’établir une analyse crédible du niveau de vie moyen de telle ou telle catégorie). L’eau est gratuite a priori et on ne peut faire l‘impasse d’une réflexion sociale sur ce besoin vital pour chacun. Nous prônons une gratuité des 40 premiers litres (NDLR : par jour ?). Il faut aussi voir qui s’occupe du traitement. Le laisse-t-on aux soins des multinationales avec des « délégations de service » très longues ? Il y a un combat long et difficile entre les mairies et les sociétés. Il serait sain de mettre en place des commissions de contrôle sur le plan juridique et financier. Nous prônons des DS limitées à 9 ans.

Enfin il y a l’absurdité des eaux en bouteille payées 600 fois plus chères que l’eau du robinet. (NDLR : Les « eaux dite de source » sont créées par arrêté du ministre de l’agriculture sous condition que la source délivre une eau de composition constante et potable. Elles bénéficient du prestige et du prix des « eaux minérales » qui résultent d’un agrément du ministre de la santé reconnaissant leurs vertus thérapeuthiques. C’est largement une spécificité bien française sur laquelle se greffent des intérêts variés et puissants.)

– La réforme de la PAC semble pour l’instant dans un tunnel sur la question dite du « découplage ».

– Pour les OGM, des études ont montré que la quantité de pesticides utilisés est égale ou supérieure à ce qui est sans OGM. Par ailleurs, il y a un problème de brevetage des semences obligeant l’agriculteur à recourir aux semences des semenciers. (NDLR : Reste à expliquer pourquoi nombre d’agriculteurs,libres de ne pas recourir aux OGM, y sont favorables ? Ils doivent bien y trouver leur compte. Par ailleurs, faut-il mettre tous les OGM dans le même sac. Ne faut-il pas distinguer pesticides et herbicides en particulier ?)

 

Q3.

 

– Êtes-vous favorable à un prix élevé de l’eau pour réduire la consommation ?

– L’eau d’irrigation provient aussi des rivières. Pourquoi ne pas arroser avec de l’eau non potable ?

– A la suite du très faible résultat des verts aux élections présidentielles et alors que les Grenelle de l’Environnement a plutôt le caractère d’une rencontre avec les syndicats, n’assiste-t-on pas à un glissement du statut des Verts du politique vers le syndical ?

 

R.

 

– On devrait autoriser les doubles réseaux d’eau dans les logements nouveaux, mais actuellement un règlement de la DASS indique que l’on doit pouvoir boire l’eau des WC. – Nous sommes pour une tarification progressive de l’eau non différenciée d’un bassin hydrologique à un autre par solidarité nationale. – Tant mieux si les idées des verts percolent dans les autres partis. Nous pensons que nous avons toujours néanmoins une voix originale à faire entendre.

 

Q4.

 

– Où en est la gestion des inondations ? – Où en est la pose de compteurs individuels dans les immeubles collectifs ? – Le poids du lobby agricole est sidérant. Il a d’abord nié, puis reconnut son impact mais refusé de payer, puis dire qu’il ne paierait pratiquement rien. Voir le rapport Belpomme sur l’usage aux Antilles de pesticides interdits aux USA. Pourquoi ne peut-on faire évoluer les agriculteurs comme on l’a fait avec les industriels avec REACH ? … ou avec les CFC en 1986 avec le protocole de Montréal ?

– Au risque d’y perdre en crédibilité, les Verts ne sont-ils pas poussés à un extrémisme sur un ou deux sujets phares (le nucléaire, les OGM) pour garder une identité claire dans un paysage politique où l’écologie a déjà bien diffusé (cf. N.Hulot) ?

 

R.

 

– Sécheresses et inondations procèdent toutes deux de la problématique du changement climatique. Il faut s’y adapter soit de façon brutale (construction de digues) soit par des aménagements urbanistiques et restauration de zones humides, ce que prônent les verts.

– Puissance du lobby agricole : on perçoit une évolution chez les jeunes agriculteurs. Mais l’incertitude quant à l’évolution de la PAC en 2013 pèse sur les comportements. L’agriculteur qui gagne 900 Euros avec sa parcelle OGM, compte sur le semencier pour amortir le choc éventuel de 2013.

– Pour les CFC, il y avait dès le début une perspective d’alternative pour les idustriels qui n’existe pas aujourd’hui pour les pesticides.

– OGM : Je suis pour qu’on accentue les recherches sur les risques liés à la dissémination et pour la santé. Il faut une expertise indépendante, transparente et publique (NDLR : En règle générale une expertise n’est déclarée indépendante que lorsqu’elle a conclu dans le sens réclamé par les écologistes !). Les OGM sont devenus un identifiant à cause de la médiatisation des « faucheurs volontaires ». On peut craindre en conséquence que le Grenelle de l’Environnement n’accouche que de l’interdiction du maïs Mo 810 ce qui ne réglera pas le problème de fond.

– Compteurs individuels : pas facile à mettre en place. Qui paiera la facture ? (NDLR : même problème plus difficile pour les chauffages collectifs au fuel)

 

Q5. Quelles différences entre la politique française et celle des autres pays de l’UE ?

 

R. La France a toujours transposé a minima les directives européennes.

 

Gérard Piketty

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